« Je suis fière de participer à la mise sur pied des premiers centres de donneurs qui viennent appuyer la stratégie nationale d’approvisionnement en plasma. »
Pour Ishneet Singh, fournir du plasma en quantités suffisantes pour les besoins des patients qui dépendent des produits d’immunoglobulines (Ig) n’est pas une notion abstraite, c’est le projet qui l’occupe au quotidien.
« La baisse de l’approvisionnement en plasma est sur nos radars depuis longtemps, souligne Ishneet Singh. À l’heure actuelle, le Canada a un taux de suffisance en plasma de 13,5 %. Cela signifie que seulement 13,5 % des produits d’immunoglobulines nécessaires aux patients canadiens sont fabriqués à partir de plasma prélevé de donneurs canadiens. Pour le reste, soit plus de 85 %, nous achetons les produits finis de sociétés étrangères. Ces médicaments sont, en grande partie, fabriqués par des sociétés pharmaceutiques à partir de plasma provenant de donneurs rémunérés aux États-Unis. Nous devons augmenter la suffisance du Canada et réduire notre dépendance aux États-Unis en collectant plus de plasma au Canada. L’utilisation d’Ig continue d’augmenter partout dans le monde et il devient essentiel que nous fassions plus pour satisfaire les besoins des patients dont la vie dépend de ces produits. »
En mars 2019, à l’issue de nombreuses discussions avec la Société canadienne du sang, les ministères de la Santé des provinces et des territoires ont approuvé un projet prévoyant l’établissement de trois centres de collecte de plasma indépendants des centres de donneurs de sang. Ces centres serviront à valider les modèles proposés, lesquels seront ensuite reproduits dans diverses régions du pays. L’approbation des gouvernements, obtenue après des mois d’analyse, constituait une étape cruciale du projet. Aujourd’hui, les travaux sont bien entamés à Sudbury (Ontario), Lethbridge (Alberta) et Kelowna (Colombie-Britannique), trois villes qui répondent à des critères rigoureux, dont la situation géographique.
Des yeux tout le tour de la tête
À titre de coordonnatrice, Ishneet participe à toutes les tâches liées à l’organisation et à l’avancement du projet : déterminer les meilleurs emplacements en fonction des statistiques de don, évaluer les besoins en personnel, identifier les procédés les plus efficients, élaborer des plans de recrutement de donneurs pour chaque territoire de collecte potentiel, etc. Il y a en outre tout le côté pratique dont il faut s’occuper : négociation des baux, gestion du déploiement des infrastructures — dont les systèmes informatiques — et collaboration avec les concepteurs pour créer des environnements à la fois efficaces et accueillants.
« Nous devons composer avec des délais serrés et régler beaucoup de casse-tête logistiques, commence Ishneet, sans parler des imprévus, qui surgissent inévitablement dans tout projet, poursuit-elle. Des gens de plusieurs divisions mettent la main à la pâte. C’est ce qui rend mon travail si intéressant : on ne peut pas s’arrêter à une seule chose; il faut avoir des yeux tout le tour de la tête. »
Appliquer les leçons apprises
Ishneet met à profit le bagage qu’elle a accumulé alors qu’elle travaillait au projet de plasma d’aphérèse grand volume. Ce projet, qui a lancé la collecte de plasma d’aphérèse dans des centres de donneurs de London et de Calgary, permet de prélever environ 37 % de plasma de plus par donneur. À la fin de l’exercice 2018-2019, les deux centres avaient recueilli plus de 2 000 litres de plasma d’aphérèse additionnels pour la fabrication d’Ig et d’autres protéines plasmatiques. Cette récolte, quoique modeste, constituait une étape importante de l’optimisation de notre réseau actuel pour accroître la qualité de plasma que nous recueillons.
L’équipe des produits plasmatiques combine les leçons tirées de ce projet à ses consultations avec des spécialistes de l’industrie et d’autres fournisseurs de sang, dont Héma-Québec et les services nationaux de pays comme l’Australie et les Pays-Bas. Ces connaissances combinées aideront l’équipe à orienter le développement des centres de donneurs de plasma et à déterminer les meilleures pratiques pour garantir l’efficacité des opérations et attirer les donneurs.
Contrer le risque
L’ouverture du premier centre de donneurs de plasma est prévue pour l’été 2020. Pour que tout soit prêt à temps, l’équipe reste concentrée sur les tâches à accomplir, gardant à l’esprit que l’enjeu touche tous les Canadiens et qu’il est urgent d’agir. Comme le reste de son équipe, Ishneet est liée à ce projet par un engagement profond, renforcé, dans son cas, par une forte motivation personnelle : sa propre fille. Il y a quelques années, lorsque sa fille a souffert de la maladie de Kawasaki, une maladie inflammatoire affectant les jeunes enfants, c’est un médicament à base d’Ig qui a contré le risque de complications graves.
Ishneet fait remarquer qu’il y a des avantages à faire le même type de prévention à l’échelle du système. « En prenant des mesures maintenant pour que le Canada puisse fournir lui-même les quantités de plasma dont il aura besoin dans l’avenir, nous diminuons les risques pour notre chaîne d’approvisionnement ce qui, ultimement, protégera la santé des patients. C’est pour ça que je suis fière de participer à la mise sur pied des premiers centres de donneurs qui viennent appuyer la stratégie nationale d’approvisionnement en plasma. »
Taux de
suffisance de
13,5 %
La demande d’immunoglobulines (Ig), un médicament vital dérivé du plasma sanguin, connaît une forte croissance partout dans le monde. En dix ans, au Canada, l’utilisation d’Ig a plus que doublé, si bien qu’à l’heure actuelle, seulement 13,5 % du plasma requis pour les besoins nationaux en Ig provient de donneurs canadiens. Il est primordial d’assurer au Canada un approvisionnement intérieur en plasma.