
Aiden Beattie, analyste, Stratégie et implantation des TI, Gestion des programmes
« Nous devons viser l’équilibre dans tout ce que nous faisons, et les discussions que nous avons aujourd’hui sur la diversité en milieu de travail font grandement partie de ce cheminement. »
En tant que membre fondateur du groupe ressource pour les employés LGBTQ+, Aiden Beattie aide à concrétiser notre stratégie de diversité et d’inclusion, tant au sein de la Société canadienne du sang que dans l’ensemble des parties prenantes.
« Je passe une partie de mon temps à simplifier des communications sur des sujets complexes », explique Aiden Beattie, analyste au sein de l’équipe des TI. « Je traduis ce que certains qualifieraient de jargon technique en termes clairs pour que nos cadres supérieurs, notre conseil d’administration et nos partenaires puissent comprendre notre stratégie en matière de technologie. J’ai un peu plus de difficulté à exprimer les choses quand je discute de ma vie privée avec des collègues ou que je tente d’expliquer à des amis de la communauté LGBTQ+ les dessous de notre politique sur le don de sang. Faire partie du nouveau groupe ressource pour les employés LGBTQ+ m’aide sur ce plan-là. »
Au service de la Société canadienne du sang depuis près de dix ans, Aiden, qui s’identifie comme étant homosexuel, estime que la culture en place est favorable à la diversité. Cependant, il y a encore des obstacles à surmonter, par exemple les remarques lancées par des gens qui n’ont pas conscience d’être blessants, illustre-t-il.
« Lorsque cela arrive, il faut faire remarquer à la personne que ce qu’elle a dit est déplacé », recommande Aiden. Heureusement, ce genre de remarques est de moins en moins courant. N’empêche que même avec des collègues plus respectueux, Aiden se sent parfois mal à l’aise de parler de sa vie personnelle. « Quand on arrive dans un nouveau groupe et qu’on ne connaît pas bien les gens, il faut se faire violence pour partager cet aspect de sa vie et dire simplement quelque chose comme “Je suis sorti avec mon partenaire”. C’est comme si l’on sortait du placard à chaque fois. En partageant mes expériences avec le nouveau groupe ressource, je me rends compte que je ne suis pas le seul à avoir cette impression; cela valide ce que je ressens. »
L’inclusivité sur tous les plans
Le groupe ressource pour les employés LGBTQ+, qui a tenu sa réunion inaugurale en mai 2019, est le premier de plusieurs groupes de même nature à avoir vu le jour à la Société canadienne du sang au cours de la dernière année. Ces groupes témoignent de l’engagement de l’organisation à favoriser la diversité et l’inclusion, une composante importante de son plan stratégique quinquennal et l’une des pierres d’assise de sa démarche pour cultiver un milieu de travail sûr, sain et respectueux, où tous les employés se sentent inclus.
À l’interne, nous multiplions les initiatives pour que tous les employés se sentent acceptés, libres de s’exprimer et assez confiants pour poursuivre les possibilités de carrière qui les intéressent. Les gens de groupes minoritaires s’identifient eux-mêmes comme appartenant à ces groupes, ce qui nous aide à mieux comprendre leurs priorités, leurs inquiétudes et leurs aspirations. Au cours de la dernière année, nous avons mis sur pied des programmes de formation sur des questions comme l’accessibilité, les préjugés inconscients et le harcèlement en milieu de travail. Ces programmes ont pour but de sensibiliser les employés et de mettre en lumière les perspectives de groupes en particulier, notamment les communautés LGBTQ+ et trans.
Nous étendons aussi nos principes de diversité et d’inclusion à l’extérieur de l’organisation en veillant à ce que la Société canadienne du sang soit représentative des communautés qui composent ses parties prenantes. À l’automne 2018, nous avons organisé Diverse Donor Syntegration, un colloque qui a réuni près d’une cinquantaine d’intervenants internes et externes venus échanger des idées et formuler des recommandations sur la manière d’amener les diverses communautés à faire plus de dons, l’objectif étant de diversifier le bassin de donneurs afin qu’il reflète mieux la population canadienne et soit ainsi mieux adapté aux besoins des patients.
Tête froide, cœur chaud
Le groupe ressource pour employés a, lui aussi, une portée qui va au-delà des murs de la Société canadienne du sang. Aiden estime que le groupe lui apporte un soutien non seulement au travail, mais aussi dans ses interactions avec d’autres membres de la communauté LGBTQ+, dont certains critiquent vertement la Société canadienne du sang pour sa politique sur les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Même si la Société a fait passer la période de non-admissibilité des HARSAH d’un an à trois mois (voir l’encadré), la communauté continue de trouver que l’évolution se fait trop lentement.
« Il n’est pas toujours facile de faire comprendre à nos amis de la communauté la logique de cette politique, admet Aiden. On ne peut pas expliquer juste comme ça les raisons qui motivent nos décisions. J’aborde quand même ces discussions avec empathie, parce que je sais que la colère ne repose pas sur des faits scientifiques, mais qu’elle découle des mauvaises expériences accumulées. Je suis conscient que les gens ont le sentiment de se faire claquer la porte au nez une fois de plus, eux qui ont déjà été blessés si souvent. La moindre apparence de manque de respect peut entraîner beaucoup de colère; voir le contexte dans son ensemble aide beaucoup. »
Échanger avec des collègues qui trouvent aussi ces discussions difficiles a permis à Aiden de formuler une réponse plus claire, ancrée dans les valeurs fondamentales de l’organisation. « Nous inspirant du renouvellement de notre raison d’être, nous avons discuté de l’équilibre entre la tête et le cœur. Il faut garder la tête froide pour appliquer rigoureusement les mesures de sécurité. Des vies dépendent de nous; nous ne pouvons pas nous tromper. Il y a un processus à suivre, et en cinq ans seulement, nous avons fait des pas de géant. En même temps, il faut avoir le cœur à la bonne place pour accueillir tous les Canadiens qui souhaitent passer par nous pour aider les patients. Nous devons viser l’équilibre dans tout ce que nous faisons, et les discussions que nous avons aujourd’hui sur la diversité en milieu de travail font grandement partie de ce cheminement. »
HARSAH :
attente réduite
à trois mois
Pour être admissibles au don de sang, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) doivent respecter une période d’abstinence après leur dernière relation sexuelle avec un autre homme. En décembre 2018, la Société canadienne du sang et Héma-Québec ont demandé à Santé Canada l’autorisation de faire passer cette période d’attente d’un an à trois mois. La demande, qui était basée sur des données scientifiques et fortement appuyée par les parties concernées, a été approuvée et la nouvelle période d’attente est entrée en vigueur en juin 2019. Souhaitant continuer de faire évoluer les critères d’admissibilité des HARSAH, la Société canadienne du sang et Héma-Québec, avec l’aide financière de Santé Canada, appuient quinze travaux de recherche explorant d’autres méthodes d’évaluation des donneurs de sang et de plasma.