Rapport annuel 2018-2019

Katy Bennett, infirmière autorisée

« Garantir la qualité et réduire les risques est un travail de tous les instants pour notre organisation. »

Katy Bennett et ses collègues étudient les réactions indésirables associées à la transfusion de sang et de produits sanguins. C’est là un autre des moyens que nous prenons au quotidien pour maintenir la sécurité, l’uniformité et la fiabilité du système du sang.

« Il arrive qu’un patient réagisse mal à une transfusion, mais il est extrêmement rare que ce soit à cause des produits sanguins », souligne Katy Bennett, infirmière autorisée au sein de l’équipe des services médicaux de la Société canadienne du sang, à Ottawa. Lorsqu’un patient a une réaction indésirable, comme une réaction allergique grave, et que l’équipe médicale soupçonne le produit sanguin transfusé, l’hôpital prévient la Société canadienne du sang. L’équipe de Katy entre alors en jeu, se mettant rapidement à l’œuvre pour faire enquête.

Tout signalement entraîne la mise en quarantaine immédiate des autres produits sanguins obtenus du même donneur afin qu’ils soient évalués et possiblement retirés des stocks. Les produits en question peuvent se trouver dans les réserves de la Société canadienne du sang, à l’hôpital qui a fait le signalement ou encore dans d’autres hôpitaux du pays. « Nous devons étudier minutieusement les antécédents cliniques, établir la chronologie des événements et analyser en détail la réaction du patient, explique Katy. C’est ni plus ni moins un travail de détective. »

Une vigilance constante

Si l’enquête révèle un lien entre la réaction indésirable et le produit administré, Katy et ses collègues prennent des mesures additionnelles pour réduire le risque et éviter que la situation se reproduise. Dans le cas où le résultat a une incidence sur l’admissibilité du donneur au don de sang, celui-ci peut en être informé. Au besoin, l’équipe des services médicaux travaille en collaboration avec les groupes responsables de l’assurance de la qualité et des affaires réglementaires pour signaler l’incident à Santé Canada.

Au cours de la dernière année, nous avons fourni aux hôpitaux canadiens près d’un million d’unités de sang et de produits sanguins. Les trois quarts étaient des globules rouges (726 548 unités); le reste était réparti également entre les plaquettes (115 046 unités) et le plasma pour transfusion (118 231 unités).

Chaque année, des centaines de milliers de patients reçoivent du sang ou des produits sanguins et très peu réagissent mal aux transfusions. En 2018-2019, nous n’avons signalé que 51 cas à Santé Canada, ce qui représente 0,005 % de toutes les unités de sang distribuées. Bon nombre de ces cas n’étaient aucunement liés à la transfusion.

Analyse des nuances

« Nous commençons par vérifier si l’information que nous avons reçue de l’hôpital est complète, indique Katy. Comme les patients transfusés sont souvent très malades, le lien entre la réaction et les produits sanguins n’est pas toujours clair. Je travaille donc avec l’hôpital pour obtenir tous les détails :  nature de la réaction, temps écoulé entre la transfusion et la réaction, etc. Toutes les nuances sont importantes. Chaque histoire est complexe et il y a beaucoup de variables; ce n’est pas toujours une science exacte. Mais en combinant l’expertise de nos équipes médicales à celle de leurs homologues dans les hôpitaux, nous arrivons à faire une analyse approfondie et à établir le meilleur plan pour préserver la sécurité des réserves de sang. »

Des 51 cas de réactions indésirables signalés à Santé Canada en 2018-2019, seulement quatre ont été reliés avec certitude aux produits transfusés. Un lien avec le produit a été considéré comme « probable » dans dix cas et « possible » dans quinze autres cas. Pour le reste, le lien était soit « douteux » (huit), « indéterminé » (deux) ou « inexistant » (douze). Les causes les plus courantes de signalement sont des réactions allergiques ou anaphylactiques certaines, probables ou possibles. Les soupçons se portent rarement sur une infection bactérienne. Lorsque c’est le cas, la Société canadienne du sang effectue une analyse supplémentaire de l’échantillon de don ou demande à l’hôpital de lui transmettre les résultats des tests subis par le patient. Autre cause possible : le syndrome respiratoire aigu post-transfusionnel (TRALI, de l’anglais transfusion-related acute lung injury), une complication grave caractérisée par l’apparition soudaine d’un œdème pulmonaire. Cette possibilité est souvent considérée, mais il est relativement rare qu’elle se confirme.

« Au cours de la dernière année, nous avons enquêté sur quinze cas en consultation avec notre groupe de spécialistes du TRALI, précise Katy. Le lien avec les produits transfusés a été considéré comme inexistant dans douze cas et possible dans deux autres. Il n’a pu être établi dans un cas, faute de données probantes. »

Réduire les risques même les plus faibles

Comme nous l’avons mentionné précédemment, lorsqu’il y a une possibilité que la réaction indésirable soit due à un produit transfusé, Katy et ses collègues se mettent immédiatement en mode action. Ils repèrent les autres produits sanguins provenant du même donneur, les retirent des stocks, et, au besoin, demandent que des tests supplémentaires soient effectués sur les produits ou le patient. Ils examinent aussi l’historique du donneur. « Lorsque le patient a reçu plus d’un produit ou bien un mélange de plaquettes – un produit qui contient des plaquettes de plusieurs donneurs –, nous devons parfois éplucher plusieurs dossiers, précise Katy. Nous vérifions si l’un des donneurs a déjà été associé à une réaction indésirable et si nous avons la moindre inquiétude, nous recommandons que le donneur en question ne puisse plus donner de sang. »

En complément à cette procédure d’enquête, la Société canadienne du sang collabore avec les hôpitaux et les professionnels de la santé afin que les réactions indésirables soient signalées de façon plus efficace. « Pour notre organisation, garantir la qualité et réduire les risques est un travail de tous les instants, affirme Katy. Dans le cas des réactions indésirables, notre rôle consiste à déterminer la cause, gérer les risques et prévenir la récurrence. Ultimement, ce qui compte, c’est le patient et ce qu’il y a de mieux pour lui. »