« Étant Sud-Asiatique, j’avais beaucoup moins de chances qu’un Caucasien de trouver un donneur. »
Grâce à une greffe de cellules souches, Daljit Sanders a pu se remettre d’une leucémie et poursuivre sa carrière. Elle s’est aussi donné une nouvelle mission : inciter les membres des minorités ethniques à s’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang.
« J’ai reçu mon premier traitement contre le cancer aux États-Unis, se souvient Daljit Sanders. J’étais trop malade pour retourner chez moi, à Vancouver. J’avais un plan de traitement assez intense et à un moment donné, j’ai été tellement malade que j’ai failli mourir. Après environ trois mois, l’oncologue m’a dit que le cancer était en rémission. Puis il m’a envoyée voir un spécialiste des cellules souches, qui, lui, m’a dit que sans une greffe, je ne vivrais pas plus de six mois. Je savais qu’à cause de mes origines sud-asiatiques, il était peu probable qu’on me trouve un donneur. Je suis rentrée à la maison pour voir mes options. »
Daljit était dans la région de Detroit lorsqu’elle a appris qu’elle souffrait de leucémie aiguë myéloblastique (LAM), un cancer du sang et de la moelle osseuse. La jeune femme, qui avait subi des analyses sanguines parce que son médecin soupçonnait une infection, a reçu la nouvelle comme un véritable choc. « J’ai eu le diagnostic de LAM secondaire le 7 janvier 2014, sept ans jour pour jour après avoir appris que j’avais la sclérose en plaques. Le 7 janvier n’est vraiment pas ma date préférée », lance-t-elle en riant.
De retour au Canada, Daljit a été dirigée vers le Programme de leucémie et de greffe de moelle osseuse de l’Hôpital général de Vancouver. Son nouvel oncologue, quoique plus optimiste que la première équipe quant au pronostic immédiat, convenait qu’elle ne pourrait espérer vivre très longtemps sans recevoir de cellules souches saines pour réparer la moelle osseuse endommagée. Le plus grand défi serait de trouver un donneur compatible.
Les centres de greffe des quatre coins du pays peuvent consulter le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang, lequel est relié aux autres registres faisant partie de la base de données mondiale de la World Marrow Donor Association. Cela signifie que les recherches effectuées au Canada s’étendent à tous les registres des pays membres de l’Association, ce qui augmente les chances de trouver un donneur compatible quelque part dans le monde.
« Étant Sud-Asiatique, j’avais beaucoup moins de chances qu’un Caucasien de trouver un donneur, fait remarquer Daljit. Ça me faisait terriblement peur. » Soutenue par sa mère et ses nièces, la femme de 28 ans a frappé aux portes des groupes de la communauté sensibles au don de sang et au recrutement de donneurs. « Les Sud-Asiatiques sont des gens qui peuvent être plus difficiles à convaincre à cause de la barrière de la langue, et aussi parce qu’ils ne sont pas conscients du problème. En plus, il m’était parfois difficile d’aider parce que je me battais contre la maladie et que j’étais trop malade. Puis j’ai eu l’idée d’utiliser les médias sociaux pour contacter l’équipe des cellules souches de la Société canadienne du sang. Ils m’ont mise en contact avec des gens qui faisaient du recrutement dans la communauté sud-asiatique. Ça m’a redonné espoir. »
Une stratégie unifiée
Accroître la diversité ethnique est depuis longtemps une priorité pour le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang (auparavant connu comme le Réseau UniVie, le programme a été renommé en 2019 dans le cadre du renouvellement de notre marque pour mettre les cellules souches en relief au même titre que le sang, le plasma, les organes et les tissus). Si nos efforts de recrutement visent des personnes en santé et prêtes à s’engager, ils ciblent en outre des hommes jeunes — parce que leurs cellules souches entraînent moins de risques de complication post-transplantation — et de minorités ethniques — parce que les patients comme Daljit ont de meilleures chances de trouver le donneur idéal au sein de leur propre groupe ethnique.
À la fin de l’exercice 2018-2019, le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang comptait 447 000 inscrits, auxquels s’ajoutaient les quelque 33 millions de donneurs potentiels du registre international. Au cours de ce même exercice, nous avons facilité 402 greffes pour des patients canadiens. Dans certains cas, le donneur provenait de notre réseau national et dans d’autres, du registre international.
Outre le réseau national, auquel sont associés les centres de prélèvement et de greffe des grandes villes du pays, notre programme unifié comprend deux centres de traitement, d’analyse et d’entreposage des cellules souches, en plus de la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang. Active depuis 2014, la Banque a recueilli le sang de cordon de 27 000 mères par l’entremise des hôpitaux associés d’Ottawa, de Brampton, d’Edmonton et de Vancouver. À la fin de l’exercice, la Banque comptait 3 220 unités, qui sont maintenant répertoriées dans les banques mondiales. Combinées, ces banques totalisent près de 780 000 unités de sang de cordon, ce qui augmente les chances de trouver un donneur pour les patients comme Daljit.
Optimisme et convictions
« Ce n’est pas le genre de choses auxquelles on pense, jusqu’à ce que ça nous frappe personnellement », explique Daljit, en allusion à la greffe de cellules souches. « Ce n’est pas qu’on ne veut pas aider, mais tout le monde est tellement occupé et pris par le quotidien. Je rêve du jour où il y aura des campagnes de recrutement toutes les fins de semaine dans les centres commerciaux, les événements sportifs, les festivals et tout ça. »
Daljit, qui a aujourd’hui 33 ans, prône la coordination des efforts de sensibilisation. « On devrait enseigner cela à l’école et en parler davantage dans l’espace public, y compris avec celles et ceux qui s’installent au pays. Notre système de santé devrait constamment rappeler aux gens qu’ils peuvent s’inscrire au registre de donneurs et ainsi aider des personnes de toutes les ethnies à recouvrer la santé. Nous sommes l’une des sociétés les plus multiculturelles du monde, nous devrions pouvoir faire mieux. »
Vivant maintenant sans cancer, Daljit a repris sa carrière de consultante en ressources humaines et entrepris une maîtrise en développement organisationnel, un programme de l’Université de l’État de la Pennsylvanie qu’elle suit en ligne. « Quand j’étais à l’hôpital, j’ai réalisé que j’avais le tour de réconforter les gens qui traversent des épreuves semblables à celles que j’ai traversées. J’essaie de transposer cela dans mon travail, quand j’aide des entreprises en démarrage à instaurer des politiques pour préserver leur actif le plus précieux : les êtres humains. Quand les organisations arrivent à exploiter l’énergie, les connaissances et l’expérience des gens, elles créent un meilleur avenir non seulement pour leurs employés, mais pour toutes les parties concernées. »
Cet optimisme, combiné à ses convictions, soutient Daljit face à ses divers problèmes de santé. Aujourd’hui, par l’ardent plaidoyer qu’elle livre au nom des receveurs de cellules souches, elle poursuit la chaîne de générosité du donneur anonyme qui lui a offert une seconde chance.
402
greffes de
cellules souches
En 2018-2019, la Société canadienne du sang a facilité 402 greffes de cellules souches, faisant le pont entre des patients canadiens et des donneurs d’ici et de l’étranger. À la fin de l’exercice, le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang comptait 447 000 adultes inscrits et la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang, plus de 3 200 unités.